Délires et propos sensés
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 Danny, detective privé 6 et fin

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blond''hein''

blond''hein''


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Localisation : Montréal
Date d'inscription : 11/04/2005

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MessageSujet: Danny, detective privé 6 et fin   Danny, detective privé 6 et fin EmptyMer 3 Mai - 2:50

Le jour où il se sentit prêt à affronter Jean-Yves, Danny décida de faire une longue marche jusqu’à chez son ancien client qui vivait dans le quartier Rosemont. Les fêtes avaient eu le temps de passer sans qu’il s’en aperçoive, embrumé par l’alcool et le cannabis. Il ne faisait pas trop froid pour un mois de janvier, alors il en profita. Il savait que la marche lui prendrait un peu plus d’une heure, ce qui lui laissait le temps de penser à la façon d’agir. Ça lui laissait surtout le temps de décompresser, et la marche, il le savait, l’épuiserait. Il prit des petites rues pour se rendre ce qui lui permit de fumer son joint en paix. Ce qui aurait pour but de le rendre définitivement calme.
Une fois devant la porte, il hésita. L’angoisse le prit aux tripes.
Il se concentra pour faire le vide et sans plus attendre sonna.
La rue était calme, aucun son ne parvenait jusqu'à lui. À l’intérieur, c’était le silence.
Danny sonna de nouveau et frappa à la porte.
Toujours rien.
Danny avait prévu son absence et il était bien résolu à l’attendre le temps qu’il fallait.
Il tenta d’ouvrir la porte, et, à son grand étonnement, elle était débarrée. Ça lui ferait moins de travail pour entrer.
Il poussa la porte et entra dans le vestibule.
-Monsieur Brodeur ? Jean-Yves ?
Pas de réponse. Il referma la porte derrière lui.
Un long corridor s’ouvre devant lui. Il avança de quelques pas jusqu'à une porte à sa gauche. Ça semblait être un bureau de travail inutilisé vu le capharnaüm qui y régnait. Il continua jusqu’au bout du corridor et arriva dans une pièce sombre. Le salon, légèrement éclairé par quelques rayons de lumière provenant de vieux rideaux, laissait transparaître une fine poussière flottant dans l’air.
La pièce était légèrement meublée d’un canapé, d’un téléviseur et d’une bibliothèque. En face de lui, sur la gauche, un autre corridor continuait jusqu'à la fin du logement. Danny s’installa sur le canapé et se retrouva devant l’écran noir du téléviseur. Les quelques rais de lumières qui provenaient de la fenêtre derrière la télé l’enveloppèrent de leur chaleur.
Danny constata à ses pieds, une flaque d’eau provenant de la neige fondue qui s’écoulait lentement de ses bottes. Il regarda l’entrer de l’appartement et suivit ses traces de pas laissé sur le sol jusqu'à lui.
Il avait oublié de se déchausser et il s’en foutait.
Le logement était imprégné d’un silence apaisant et hypnotisant. Seul le bruit extérieur se faisait entendre.
-Il doit sûrement y avoir une école, pas très loin d’ici pensa Danny.
On entendait des enfants rire et crier au loin.
Devant lui, la télé l’observe de son œil noir. Il y voit son reflet qui le regarde aussi à l’intérieur de cet œil.
Il se sent bien, apaisé pour la première fois depuis des semaines, voire des années. Il se laisse aller à une douce torpeur. Soudain, il se met à penser à son enfant. Enfant dont il ne connaît même pas le nom ni son sexe. Dans la semi-torpeur qui l’enveloppe, Danny se dit qu’il serait peut-être temps qu’il le contacte. De prendre ses responsabilités et de faire face à ce qu’il a fait : un enfant qu’il a abandonné lâchement.
Lentement, il refit surface. Étrangement, ce fut le silence qui le ramena à lui. Car il y avait quelque chose dans le silence. Il ne l’avait pas compris tout de suite, mais le silence le troublait. Il n’était pas aussi opaque qu’il y semblait. Un son insidieux était caché en lui. Une infime modulation que Danny repéra en se concentrant sur l’apparence de vide ambiant. Un élément sonore très faible, régulier, qui pouvait facilement devenir hypnotisant. Un genre de grincement qui pouvait rappeler un vieux plancher qui craque.
Danny se leva et partit à la recherche de ce bruit. Il revint sûr ses pas, vers le bureau/capharnaüm. Il y entra et se concentra. Non, rien. Ici c’était le silence absolu.
Danny revint au salon et prit l’autre corridor, à gauche.
Au bout, il pouvait apercevoir la cuisine et sur sa droite deux porte. La première donnait sur la salle de bain. Il entendait encore faiblement le son, mais il ne provenait pas de cette pièce.
L’autre pièce était la chambre de Jean-Yves. Cette fois, le son se fit plus présent. Dans la chambre, rien ne semblait bouger. Danny s’approcha du lit et se faisant, il constata que la porte du garde-robe face au lit était légèrement entr’ouverte. Par l’entrebâillement, il crut apercevoir un mouvement. Sentant un danger potentiel, Danny chercha dans la pièce une arme possible, mais il
n’y avait rien. Il revint au salon et pris dans la bibliothèque un appui livre en marbre qu’il avait remarqué plus tôt.
Une fois dans la chambre, il approcha lentement du garde-robe, une main vers la poignée, l’autre prêt à frapper avec son arme de fortune.
Une fois la poignée en main et ses jambes bien positionnées, Danny ouvrit la porte en trombe.
Sa main laissa tomber l’appui livre qui eut un bruit lourd sur le sol. Danny n’entendit pas ce bruit, il s’était figé comme une statue de sel devant la scène que lui offrait le garde-robe.
Le son parvenait d’une corde de marin au bout duquel pendait le cadavre de Jean-Yves. Ce dernier l’observait de biais de ces yeux vitreux et exorbités le coup déformé par la corde. Le visage de l’homme avait commencé à devenir bleu. Sur le sol, il y avait le petit tabouret qui lui avait servi à perpétrer son suicide.
Danny recule, la main sur la bouche réprimant un haut-le-cœur. Ses jambes touchent un objet, le lit. Il s’y laisse tomber.
-Calvaire Jean-Yves, t’était pas obligé de faire ça !
La vue du cadavre, l’écoeura. Il se leva et se dirigea au salon ou il se laissa tomber sur le divan.
C’était le comble pensa Danny.
Il ne s’attendait pas à des explications avec cette rencontre, mais à une révélation, un éclair de compréhension. Mais voilà, il n’y aurait rien de tout cela. L’imbécile s’était pendu.
-Ostie d’imbécile, hurla Danny. Pas heureux de te raconter des histoires toute ta vie, y’a en plus fallu que tu te l’enlèves !
Danny se tourna vers l’œil noir de la télé qui lui renvoyait toujours son reflet. Mais cette fois, il ne se reconnut pas. À qui ce visage qui était le sien lui faisait-il penser ? Il revit mentalement des photos de son père qu’il regardait étant jeune. Pourquoi est-ce qu’il pensait à cette ordure à ce moment précis ? Ce qu’il voyait à la télé, c’était le reflet de son père ! Merde, il lui ressemblait de plus en plus ! Puis, il comprit. Jean-Yves et son père avaient sensiblement le même âge. Inconsciemment, il avait identifié Jean-Yves comme un père substitut. Il l’avait cru, il n’avait demandé qu’à le croire. Le couple brisé de Jean-Yves et Nicole représentait ses parents. Ça avait été, en quelque sorte, ça quête dû Graal ! L’absence de ses parents, surtout de son père l’avait aveuglé. Voilà pourquoi il n’avait rien vu ! Au travers de cet homme, il avait voulu retrouver son père et l’aider à retrouver sa femme qu’il avait abandonnée. Finalement, il eut sa révélation.
La masse, invisible et très lourde, qui pesait sur ses épaules commença à se dissiper un peu. Assez pour lui permettre de mieux respirer et de se sentir bien. Ce poids lourd qu’il traînait depuis des siècles et avait doublé de volumes depuis cette enquête ne se dissiperait pas d’un trait. Il le savait. Il avait encore un bout de chemin à faire.
Danny se leva et se força à aller voir le cadavre de Jean-Yves. Il se sentait mal, car Danny au fond de lui avait souhaité sa mort. Il s’était imaginé en train de le battre jusqu'à ce qu’il en crève. Certes, il était soulagé de la mort de Jean-Yves. Il avait eu peur de lui et de la confrontation. Mais il comprit que Jean-Yves n’était pas un mauvais bougre dans le fond. Il n’était qu’un pauvre type perdu, comme lui-même et comme tant d’autres dans ce monde d’abandon.
En regardant le cadavre, Danny comprit aussi que la mort de Jean-Yves le soulageait de façon symbolique : elle représentait la mort symbolique de son père. Il pouvait enfin lâcher prise et passer à autre chose.
Il resta encore à regarder cet homme déchu perdu dans ces réflexions, puis alla téléphoner à Pierre.

Il était épuisé après avoir passé la journée au logement de Jean-Yves avec Pierre et la police. Une fois chez lui, il s’était installé à son bureau avec un verre de rhum bien serré. Il était complètement vidé, mais bien. Il se sentait libre. Il n’avait presque pas mangé de la journée, mais il n’avait pas vraiment faim. Sa tête fonctionnait à plein régime. Il avait une lettre importante à rédiger.
D'abord, il avait ouvert son vieux P.C. et Word pour écrire sa lettre puis il avait décidé de l’écrire à la main. Ça serait plus personnel. Surtout pour une personne importante. Il ne savait pas trop quoi écrire, ni comment commencer. Il savait qu’il ferait une lettre à cœur ouvert, qu’il écrirait tout sur lui. Il ne cacherait rien. Finalement, le plus simple serait le mieux comme commencement. Danny commença à créer sa lettre. Il savait qu’il y passerait une bonne parti de la nuit. La lettre pour son enfant se devait d’être parfaite.

Assis à son bureau, le détective écrivait frénétiquement. La pièce était petite. Cette pièce lui servait de bureau de détective, mais aussi de chambre à coucher, son lit était en fait une fausse armoire. Juste à côté de la fausse armoire il y avait une fenêtre. Au travers de cette fenêtre, la neige avait recommencé à tomber. À la radio, ils en avaient annoncé plusieurs centimètres. Il restait encore un peu plus de deux mois à endurer l’hiver et à hiberner. Sur la rue Ontario, tout était calme. Quelques voitures passaient et certains piétons téméraires se hâtaient de rentrer chez eux avec leurs courses.
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