Peu après ma chair… Quand il me restera des éclats d’ici, j’irai, oui, j’irai me souvenir…
Des vents doux aux soirs d’automne, enfant, le bruit des flaques d’eau et des bateaux de papier, au printemps, au bord des glaçons mourant…
Je voyagerai sur les lacs et les rivières aux micas qui dansent, aux caches des truites, le pied mouillé et la joue en feu.
Je n’ai pas oublié ceux qui sont partis avant… Je saurai les retrouver. Mais avant…
Je franchirai à pas de lumière les aventures de ma chair. Comme au temps des premiers amours, où le doigt délicat frôlait ta peau si laiteuse. Tu m’as inventé l’amour. Et le bruit de ton souffle court encore sur mon clavier. comme si j’essayais de chanter le phrasé échappé de ta bouche un moment juste avant l’éternité.
Et quand je serai repus de la Terre et de ses champs, du sable, et des horreurs des humains, je partirai…
J’aurai ma valise des regards miroir, que le noir n’aura jamais sali.
Je sais que je partirai vers là d’où je viens…