Délires et propos sensés
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Délires et propos sensés

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 Le refu je (la fuite)

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3 participants
AuteurMessage
blond''hein''

blond''hein''


Nombre de messages : 23
Localisation : Montréal
Date d'inscription : 11/04/2005

Le refu je (la fuite) Empty
MessageSujet: Le refu je (la fuite)   Le refu je (la fuite) EmptyLun 11 Avr - 7:04

C'était un début d'après-midi très chaud. Beaucoup trop chaud pour être en
panne dans un endroit aussi désert.
La voiture était stationnée sur le côté de la route, juste devant l'entrée
d'un tunnel. C’était le genre d'endroit, un peu sinistre, où on ne veut pas
se retrouver prisonnier, peu importait la température. Le conducteur, assis
sur le capot de sa voiture, les yeux fixés sur l'immense trou noir,
réfléchissait à sa situation. Elle n'était pas vraiment reluisante : L'homme
ne savait pas d'où il venait et surtout où il allait.
Il était amnésique.
Tout ce dont il se souvenait, c'était qu'il fuyait quelqu'un ou quelque chose
et qu'il n'était pas question pour lui de revenir sur ses pas. Du moins, tant
et aussi longtemps qu'il ne se souviendrait pas de ce que c’était...
De plus en plus intense, le soleil le pressait de prendre une décision
malgré l'angoisse qui le tourmentait ; aller de l'avant.
Devant lui, la seule voie possible était le tunnel...

Une fois à l'intérieur, Alain demeura immobile pour laisser le temps à ses
yeux de s'habituer à la pénombre. Il se sentit tout de suite apaisé et
protégé sous ce dôme.
Il avait maintenant l'impression d'être à l'abri de ce qu'il fuyait.
C'est donc avec confiance qu'il s'enfonça dans l'antre.

Alain ne savait plus depuis combien de temps il marchait. Il avait perdu la
notion de temps, mais, ce qu'il savait, c'était que son corps commençait à
lui donner des signes de fatigue. L’ambiance du tunnel c’était peu à peu
modifiée et l'endroit était maintenant beaucoup plus sombre. Plusieurs
néons étaient brûlés ou tout simplement brisés et son refuge se transformait
à présent en un monde lugubre et inquiétant. Il lui devenait désormais de
plus en plus difficile de dominer sa peur grandissante. Et pour lui rendre
la tâche plus difficile, des sons étranges parvenaient actuellement jusqu'à lui.
Des chuchotements...
On semblait discuter quelque part dans le tunnel.
Sa nervosité et sa peur lui demandaient d'effectuer des efforts considérables
afin de conserver son calme et son sang froid.
Alain s'arrêta et, malgré l'angoisse qui s'immisçait insidieusement en lui,
prête à l'étouffer, parvint à fermer les yeux pour mieux écouter.
Les chuchotements continuaient...
Retenant sa respiration, il se concentra pour déterminer l'origine des
murmures. Alain ouvrit soudainement les yeux : il venait de comprendre.
Un sifflement.
Le sifflement du vent s'engouffrant dans le tunnel.
Il prit une grande respiration et se félicita pour sa maîtrise de soi. Alain
continua sa progression, mais il prit rapidement conscience d'un son
autrement plus inquiétant cette fois...
Des pas...
Des pas qui semblaient arriver derrière lui.
Ses ennemis, dont il n'avait encore aucun souvenir, étaient-ils parvenus
jusqu'à lui ?
Alain fit halte, se retourna et scruta les ténèbres. Personne ne
semblait se dissimuler dans l'ombre et les pas avaient cessé. Il reprit
sa marche, toujours sur ses gardes. À peine une seconde se fut écoulée,
qu'il les entendit à nouveau, accompagné cette fois par une respiration
haletante. Il accéléra la cadence tout en jetant un coup d'oeil derrière lui,
mais comme il ne voyait personne, la terreur s'empara de lui et il se mit
à courir à en perdre haleine.
Subitement, une idée lui traversa l'esprit : pourquoi étaient-ils à pied ?
Alain stoppa net et fit volte-face prêt au combat. Il n'y avait toujours
personne derrière lui et les bruits de pas avaient cessé. Seule la
respiration saccadée continuait...
-Quel imbécile ! S'écria-t-il dans le noir .
Ce n'était que le bruit de ses pieds et de sa respiration répercutés par
l 'écho qu'il entendait. Rien de plus. Il avait fui les sons faits par son
propre corps.
Il s'était fui lui-même.
Alain se courba vers l'avant et appuya ses mains sur ses genoux. Il
reprenait son souffle en se disant à mi voix:
-Je dois me reprendre, je ne dois pas laisser mes peurs infantiles me
guider.
Toutes ces émotions l'avaient épuisée. Il décida de s'accorder une
pause, s'adossa contre une des parois rocheuses du tunnel et se laissa
glisser jusqu'au sol.

Émergeant du fond du tunnel, une faible lueur avançant dans sa direction
le ranima. L’esprit envahi par un épais brouillard, Alain eut le sentiment
de s'être oublié et que le temps lui avait, encore une fois, échappé. La
lueur devenait plus intense et volumineuse au fur et à mesure qu'elle
approchait. En un clin d'oeil, la lumière fut sur lui et, comme un immense
flash photo, elle repoussa l’obscurité de façon permanente. Alain se
protégea la vu et, au même moment, un spasme musculaire indolore,
lui traversa tout le corps.

L’espace d'un instant, il reconnut l’intérieur de sa voiture. À l'extérieur,
il faisait nuit et les phares d'un camion arrivant à contresens l'éblouissaient.

Le tunnel réapparu et la lumière se concentra en un point pour former un
écran blanc épousant les contours du passage.
Une image s'y imprégna.
Alain se sentit comme s’il avait une boule de plomb au fond de son
estomac. Brusquement, une plainte remonta jusqu'à sa bouche,
traversant la barrière de ses dents crispées pour se terminer en un
gémissement puissant et douloureux.
Tout ses muscles étaient contractés et son corps l’obligeait à regarder
la toile : sa tête refusait de se détourner et ses yeux de se fermer.
Inconsciemment, Alain savait ce qu'il allait voir sur l'écran.
Sur la toile, un homme monte un escalier avec entre ses mains un fusil
de calibre.12. L'homme passe devant un miroir, s'arrête et se regarde.
Il a le visage déformé par la rage et son regard est vide et froid.
Alain, toujours assis dans le tunnel, a de la difficulté à se reconnaître.
Il se souvient vaguement de son état mental à ce moment-là : c'était
la rage et la haine qui l'habitaient et le conduisaient. Il était dans un état
second, comme s’il était à l'extérieur de son corps et qu'il se regardait.
Exactement comme maintenant.
Sur l'écran, Alain ouvre une porte menant à une chambre à coucher.
Sur le lit, un couple fait l'amour.
Son coeur bat de plus en plus fort contre ses tempes.
La folie le submerge totalement.
Le couple maudit s'aperçoit de sa présence et de l'arme dans ses mains.
La femme hurle et l’homme tente de le raisonner, mais il n'entend rien.
L’énergie destructrice et la folie l'ont rendu sourd.
Le corps d’Alain a un mouvement vers l'arrière lorsque l' arme crache
le feu vengeur, fauchant et déchiquetant l’amant de la femme.
Un tonnerre lointain fait vibrer ses tympans.
Son regard croise alors celui suppliant de la femme... Sa femme.
Mais la folie meurtrière l’a rendu tout aussi aveugle. L’arme hurle
à nouveau, projetant le corps désarticulé de sa femme contre le mur.
Cette dernière reste un instant suspendu, puis elle glisse lentement,
laissant derrière elle une traînée de sang pour finalement s’étaler sur
le corps de son amant.
Alain regarde son oeuvre et comprend, en un éclair de lucidité, que
cette peinture de chair et de sang restera à jamais gravée dans sa
mémoire. Désemparé, il sort, prend sa voiture et roule sans but dans la ville.
Après un certain temps, il s'arrête pour se laisser aller
à une torpeur confortable et protectrice. Son esprit étant incapable
de faire face à son geste.
Dans le tunnel l’écran redevint d'un blanc éblouissant.
Alain se protégea de nouveau le visage de ses mains.
Son corps eut un nouveau spasme musculaire.
Il retira ses mains de devant son visage et reconnut l'intérieur de sa
voiture. La lumière intense qui l'éblouissait provenait des phares d'un
camion arrivant à contresens.
Il était dans sa voiture.
Mais l'avait-il seulement quitté ? Depuis combien de temps était-il là ?
Alain se tourna vers le siège du passager et vit l'arme du crime. La
réalité le frappa alors de plein fouet : il voudrait revenir en arrière
pour rétablir le passé, mais il ne veut pas y retourner maintenant pour
faire face au présent. Craignant d'affronter la vérité, la fuite semble
être son seul salut.
Alain cacha l'arme sous le siège et après avoir fait démarrer sa voiture,
il sortit de la ville et roula toute la nuit sur des routes secondaires.
L’aube commençait à poindre à l'horizon lorsque la voiture eut des
soubresauts.
La jauge d'essence était vide.
Dans sa hâte pour quitter la ville, il n'avait pas vérifié le niveau d'essence.
Le moteur de la voiture s'arrêta et après avoir roulé quelques minutes
sur son élan, il rangea son véhicule sur le bas-côté de la route. Alain resta
assis dans l'auto quelque temps, fixant un point au-delà du pare-brise.
Puis, il sortit lentement de sa voiture, alla vers l'avant et s'appuya contre
le capot, le regard toujours hypnotisé par ce qu'il voyait.
L'anxiété le prit à bras le corps. Ses mains devinrent moites et il eut
l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds.
À seulement quelques mètres de lui, l'attendait la gueule noir et béante
d'un tunnel. Et bientôt, il le savait, la chaleur serait si intense qu'il n'aurait
d'autre choix que de s'y engouffrer...
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ave nocturna
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Date d'inscription : 12/05/2006

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MessageSujet: Re: Le refu je (la fuite)   Le refu je (la fuite) EmptyMar 16 Mai - 7:25

ça se lit très bien et ça s'oriente vers demain ou hier?

ave nocturna
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Plume
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MessageSujet: Au sujet de ton texte   Le refu je (la fuite) EmptySam 16 Sep - 22:58

C'est très prenant du début à la fin. Bravo! Y'a t''il une suite ou le tunnel est un ravin ou il se jettera? C'est la question que je me pose car tu n'as pas écrit le mor FIn.
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MessageSujet: Re: Le refu je (la fuite)   Le refu je (la fuite) Empty

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