Délires et propos sensés
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 Les tyrans

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2 participants
AuteurMessage
calouet
Rang: Administrateur



Nombre de messages : 18
Date d'inscription : 11/04/2005

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MessageSujet: Les tyrans   Les tyrans EmptyMer 13 Avr - 6:10

Papa nous a dit de ne pas bouger, je sais bien qu’il a peur lui aussi. L’autre nous jette un œil rond et froid, comme pour nous narguer. Pour nous dire qu’il n’y a plus de place pour nous, ici… Et puis il retourne au carnage. Je ne croyais pas que ça pouvait arriver… Ce salaud a tué ma mère ! Par défi. Et maintenant lui et ses acolytes se déchaînent sur son cadavre blanchâtre et déchiqueté, sans la moindre pudeur, sans le plus petit remord. Je ne sais pas pleurer. J’aimerais tant pouvoir me venger d’eux. Mes petites dents se crispent les unes sur les autres, en même temps que leurs gueules voraces finissent de dévorer le ventre de Maman. J’aimerais les tuer, tous… Tous ces sauvages pour qui le monde n’est jamais assez grand. Ils en veulent toujours plus, ils veulent toujours dominer. Et gagner. De la place, de la puissance, du pouvoir… Moi, je les regarde en silence se disputer la carcasse adorée, je retiens ma rage devant cette monstrueuse curée, planqué derrière le gros rocher. Sous moi, le sable n’a plus la même texture, il est assassin lui aussi, me fait mal, me brûle même lorsque j’y frotte mon corps. J’ai du mal à bien respirer. L’univers tout entier a basculé depuis hier soir.

Comme d’habitude, la journée s’était passée tranquillement, je jouais avec mes frères et sœurs tandis que nos parents nous surveillaient de loin, depuis leur grotte... D’un seul coup, le ciel a changé de teinte, et un gros ballon translucide a envahi la surface des cieux. Nous sommes allés voir, par curiosité, et parce que nous avions faim aussi. Papa et Maman se sont approchés eux aussi, doucement. Le gros ballon est resté là, immobile. Il avait une couleur étrange, indescriptible, et plus bizarre encore, il semblait animé de l’intérieur. Vivant.

D’habitude, lorsque le ciel change d’aspect aussi brutalement, il nous offre à manger. Alors nous attendions, patients, tous près du ballon. Et, comme par miracle, un peu de nourriture est tombée, juste un peu. Moins que d’habitude, on aurait dû se méfier, se douter que quelque chose se préparait. Mais non, la faim a été la plus forte, et tous nous nous sommes jetés sur la quotidienne providence, sans prendre garde au ballon. Quand nous avons eu fini de manger, il avait disparu. Et le ciel est redevenu comme avant.

Nous sommes revenus près de la grotte, continuant à chercher entre les blocs de petits morceaux mangeables, à jouer à se battre aussi, à se pourchasser. On ne les a pas vus arriver. Ils étaient cinq, ou bien dix. Beaucoup. Sombres et énormes. Papa les a repérés en premier, et nous a vite ramenés à l’abri de notre voûte de calcaire… Maman, elle, a un peu hésité en voyant les étrangers approcher. Elle s’est mise un instant devant eux, comme pour leur faire peur, leur montrer qu’ici, elle était chez elle. Elle savait bien qu’ils étaient méchants, on l’avait tous déjà deviné… Le premier de la bande, le plus gros la fixait en silence, sûr de sa force. Maman faisait front, immobile. Papa s’est joint à elle, tout en gardant un œil sur nous, juste en retrait. Le plus gros la regardait, la toisait, d’un air terrible. Il semblait prêt à attaquer… Et c’est un autre, un de ces anonymes qu’on ne devinait qu’à peine dans le groupe, qui est sorti. Il s’est rué sur Maman, l’a mordue très fort sur le côté. Elle a répliqué une fois, puis deux, puis l’autre l’a mise en pièces. Papa est allé pour les mordre, lui aussi, complètement hors de lui, puis il s’est ravisé. Il a voulu nous sauver. Même si je devine bien maintenant, à le voir trembler contre nous dans la pénombre de notre trou, qu’il n’y arrivera pas. Il n’est pas de taille à lutter contre eux, lui non plus… Ils vont nous étriper… Demain, ou peut-être plus tôt, avant que le ciel ne s’éteigne, le grand filet vert viendra chercher les restes de Maman… Nous la regarderont partir là haut, où la lumière brûle les yeux… Nous, nous resterons cachés, blottis contre notre père, jusqu’à ce que la faim soit trop forte. Un beau jour, quand la nourriture tombera, nous serons obligés de sortir de notre abri. Et là, nous aussi, nous finirons par faire partie du repas des tyrans.
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Okuni Day
zebigboss
Okuni Day


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Date d'inscription : 09/04/2005

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MessageSujet: Re: Les tyrans   Les tyrans EmptyMer 13 Avr - 11:45

Ça fait plaisirs de te lire ici. C'est le genre de court récit qu'on dévore d'un trait. Un peu comme terreur éthylique, le thème est très original. What a Face
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Les tyrans
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