Si j’ai rétrogradé en arrière c’était pour que vous compreniez mieux dans quel état d’âme nous pouvions être quand nous sommes débarquées à la gare,pas mal déboussolées je crois.
Ensuite je me souviens quand j’ai commencé l’école. Je devais marcher un demi mille tous les jours pour m’y rendre. L’été ça ne me dérangeait pas. Mais l’hiver le froid me transperçait et j’étais contente quand on annonçait à la radio que toutes les écoles étaient fermées. Je me souviens d’un jour ou par coquetterie j’avais mis des bas de nylon au lieu de mes bas de coton. Je portais une jupe plissée verte, genre écossaise,une grosse épingle de nourrice l'attachant dans le coté gauche; car c’était jour d’éducation physique. Je n’avais jamais trouvé le chemin du retour aussi long. Il ventait et je marchais à contre courant. Quand je suis arrivée à la maison mes jambes étaient rouges comme des homards. C’était comme des aiguilles de pin qui me traversaient la peau . Je me suis promis que je laisserais dorénavant la coquetterie de coté et à partir de ce jour j’ai recommencé à porter mes bons bas en coton beiges et épais.J'aurais pu attraper une superbe bronchite.
À l’école j’étais souvent dans la lune. Une fois j’entendais un chien jappé dans la cour de récréation. J’étais certaine que c’était Fauvette le chien de mon grand-père. C’était impossible puisqu’il était à la maison mais j’étais traumatisée. Celui-ci enroulait un journal et s'en servait pour le faire obéir. Tout tremblant et tout penaud l’animal recroquevillé partait se coucher. Oui ,j’avais vraiment peur de mon grand-père. Il imposait la crainte et le respect, mais surtout la peur. Il y avait toujours la menace de la grande règle si nous n’écoutions pas !
À suivre...