Délires et propos sensés
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 Danny, detective privé

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blond''hein''

blond''hein''


Nombre de messages : 23
Localisation : Montréal
Date d'inscription : 11/04/2005

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MessageSujet: Danny, detective privé   Danny, detective privé EmptyJeu 10 Nov - 4:14

De gros flocons de neige descendaient lentement sur la ville de Montréal cette nuit-là. La première vraie bordée de neige à tomber en ce début d’hiver. Les flocons scintillants s’unissaient pour recouvrir et camoufler de leurs blancheurs immaculées les différents éléments que formait la métropole. Ce n’était que la première neige à prendre au sol, que déjà, la circulation ralentissait : les automobilistes n’ayant pas encore chaussé leurs pneus d’hivers, cela occasionnait des dérapages.
La ville s’apprêtait à hiberner. D’un côté les enfants étaient surexcités à l’idée d’aller jouer dehors et les parents moroses à la pensée de ce que ce nouvel hiver allait leur coûter.
Un vent tourbillonnant se leva au-dessus de la ville, transportant ainsi une partie des flocons vers le centre-ville avec lui. Un flocon se détacha de cette brise porteuse et s’engouffra dans une ruelle miteuse au coin de la rue St Catherine. Le flocon, en continuant sa descente, entra dans l’éclairage bleuté projeté par des néons annonçant un bar à l’entrée de la ruelle. Puis, il alla terminer sa course sur le front couvert de sueur d’un homme étendu sur le dos. L’individu avait
les deux mains collées à son abdomen, tentant ainsi, tant bien que mal, de retenir son sang de fuir de la blessure faite au couteau quelque instant plus tôt. Un début de fièvre lui fit avoir cette pensée absurde : pourquoi croit-on que de tenir une blessure va amoindrir la douleur ?
Au loin, le hurlement d’une sirène d’ambulance se faisait entendre.
-Ça doit être mon taxi, ironisa l’homme.
Il toussa. Un filet de sang mêlé à de la salive sorti de sa bouche, glissa le long de sa joue et pénétra dans son oreille.
-Fuck, jura-t-il avec dégoût.
L’inconfort et l’impuissance étaient à leurs combles et la peur de mourir le tenaillait.
L’ambulance se rapprochait, il entendait son hurlement caractéristique de plus en plus fort au fur et à mesure qu’elle se rapprochait. Curieusement, ce son d’ordinaire s’y agressant était doux et salvateur pour lui.
Sur la rue, les gens s’activaient, complètement inconscients ou insouciants de son sort, trop pressé de rentrer à la maison, les bras chargés de cadeaux de Noël. Lui, dans sa semi-conscience, les entendait marcher et parler, les sons déformés par l’écho de la ruelle et par le début de fièvre.
Résultat confus de ce mélange de sons et d’émotions, une mélodie de circonstance surgit dans sa tête, troublant ainsi son esprit. Une chanson à la fois agaçante et rassurante :
‘’Oh the weather outside is frightful
But the fire is so delightful
And since we’ve no place to go
Let it snow let it snow let it snow’’
Au moment où l’ambulance entrait dans la ruelle, l’homme se permit de perdre connaissance et cette pensée l’accompagna dans les limbes : -Comment ai-je pu me foutre dans une situation pareille ?
Sur le flan gauche de l’homme, il y avait un petit rectangle beige qui semblait être tombé d’une de ces poches de veston.
Un petit carton beige sur un lit blanc.
Une carte d'affaires.
Sur le petit rectangle, il y avait cette inscription :

DANNY DETECTIVE PRIVÉ
ENQUÈTE EN TOUT GENRE




Le radio-réveil affichait 9 h lorsqu’il se mit en marche sur une station de musique rock à la mode. Danny émergea lentement du monde des rêves, bercés par la voie trop radiophonique de l’animateur, expliquant comme la vie était belle et à quel point il ferait beau aujourd’hui. Puis, la conscience de la réalité le rattrapa, et la première pensée qu’il eut, comme à tout les matins, fut que de se réveiller était vraiment le pire moment de la journée.
-Pas le choix, faut gagner sa croûte !
Il s’assit dans son lit et se figea en voyant la pièce. Après ce qui lui parut une éternité, il réalisa qu’il était dans son nouvel appart. Il venait d’emménager dans celui-ci depuis quelque jour, forcé de quitter son ancien immeuble. Danny réussit tant bien que mal à s’arracher du lit et se traîna jusque dans la cuisinette pour préparer son café. Il prit le temps de regarder à l’extérieur pour constater un ciel couvert de nuage menaçant.
-Ouais, il fait toujours beau dans l’univers des animateurs de radio commercial.
Pendant que son café infusait, il revint vers la pièce centrale pour refermer le lit qui formait une fausse armoire. L’appartement de Danny était en fait qu’un petit deux pièces; composé de la salle centrale dans laquelle il y avait son lit et son bureau de travail et d’une petite cuisine qui ne pouvait contenir qu’une minuscule table pour deux personnes. De toute façon, les seules personnes qui venaient chez lui étaient des clients.
Il s’installa à son bureau pour rouler un joint qu’il fumerait seulement après son premier café. Il aimait bien l’effet contrastant que lui procuraient ces deux substances en début de journée.
Soudain, sans qu’il soit vraiment prêt à affronter sa journée, le téléphone sonna.
Il était 9 :20 et Danny n’ouvrait son bureau qu’à dix heures.
Il fulmina, mais répondit malgré l’heure.
-Ici Danny, j’écoute…
-Bonjour, j’appelle d’une cabine téléphonique, juste en bas de vos bureaux et je voudrais vous rencontrer pour une affaire urgente.
-Hum… écouter… monsieur… ?
-Brodeur, Jean-Yves Brodeur.
-Bon… M. Brodeur, je n’ouvre qu’à 10 :00, repassé plus tard, d'accord ?
-Mais… je suis déjà là… en bas…
-Écouté, aller prendre un café, il y a plein de restos sûrs Ontario. À 10 :00, je serais à votre entière disposition. À plus tard.
Et il raccrocha.
-Qu’est-ce que c’est que ces manières, je n’ouvre qu’à dix heures, c’est pas compliqué à comprendre ça !

******************************************************************************

L’homme devant lui était plutôt grand, fin de la quarantaine, le visage couvert de cicatrice laissé par l’acné juvénile. Il était habillé d’un élégant costume trois-pièces. L’homme buvait son café à petite gorgé tout en scrutant l’endroit.
Danny, assis derrière son bureau avec son troisième café à la main, se disait tout en observant l’homme devant lui qu’il devait probablement être dans les affaires. De l'avis du détective, ce dernier était mal à l’aise à l’idée de devoir l’engager pour prouver que sa femme le trompait. Le cas classique.
En regardant son bureau, Danny se disait qu’il n’était pas mécontent du résultat, une fois le lit commode rangé on ne pouvait croire qu’il restait là et c’était important pour sa crédibilité. Dans un coin de la pièce, un ventilateur aérait l’appartement.
Il attaqua la conversation.
-Qu’est-ce que je peux faire pour vous, Monsieur… comment déjà ?
-Comme je vous l’ai déjà mentionné plus tôt au téléphone, je m’appelle Jean-Yves Brodeur… Lança-t-il avec une pointe d’agacement dans sa voix .
Danny n’en fit pas de cas.
Jean-Yves Brodeur prit une longue respiration avant de poursuivre.
-… la situation est plutôt délicate… et… disons-le, embarrassante…
— Ne vous en faites pas M. Brodeur. Je suis très discret et je ne suis pas payé pour juger, vous pouvez me parler avec confiance.
-D’ailleurs, en parlant d’argent, votre tarif est le mien. Les affaires vont
bien, ces derniers temps…
Un lourd silence s’installa entre les deux hommes, et Danny comprit que son futur client se taisait par malaise. La balle était dans son camp.
-Écouté, M. Brodeur, il est impossible de parler d’argent tant que je ne sais pas de quoi il s’agit… Si vous commenciez par le début…
-Euh, oui… bon, d’accord… C’est au sujet de ma femme…
-Vous croyez qu’elle vous trompe et vous voulez la faire suivre, c’est ça…
-Non… c’est beaucoup plus compliqué que ça…
Il aurait dû se taire, c’était pas très malin de l’avoir bousculé comme ça se reprocha Danny.
-Oui, excuser moi, je n’aurais pas dû vous interrompre, continuer…
-Vous voyez, nous sommes mariés depuis quatre ans et tout va très bien entre nous… sauf… quand son frère réapparaît. Il possède un bar sur la rue Sainte Catherine, mais il n’est pas souvent en ville et il se voit très peu. À mon grand soulagement, d’ailleurs. Mais quand il est dans les parages et qu’ils se voient, elle change, elle n’est plus la même femme. Elle reste plusieurs jours isolés, et ne m’adresse presque pas la parole. Ils ont toujours eu une relation étrange, elle ferait n’importe quoi pour lui, même si ce qu’il lui demande n’a pas de sens. C’est comme ça depuis leurs enfances. On dirait qu’elle devient envoûtée par sa présence. Il a une grande influence sur elle.
-Vous ne l’aimez pas beaucoup, on dirait !
-Non, en effet ! Il m’a d’ailleurs interdit d’aller dans son bar. Je suis sûr qu’il fait parti de la mafia ou quelque chose comme ça, il y a quelque chose de pas net avec se type.
Il prit une pause et avala une gorgée de son café et fit la grimace. Danny n’en fut ni surpris ni outragé, il savait que son café était de la dynamite.
Il était excité, l’affaire était plus complexe que ce dont il était habitué. Normalement, c’était des affaires d’adultères. Il devait donc être plus à l’écoute et se concentrer. Mais il y avait quelque chose d’étrange chez ce type, il ne savait pas trop quoi et, de toute façon, l’argent était plus important que ses impressions.
Jean-Yves continua son récit : -avant de se marier, elle m’a prévenue que son frère était plus important que tout au monde et que s’il avait besoin d’aide, peu importe quoi, elle l’aiderait. Donc, voilà, son frère est venu à la maison la semaine dernière et elle est partie avec lui. Je ne sais pas pourquoi, elle ne m’a rien dit. Je suis arrivé après mon travail et elle était déjà partie. Elle m’a laissé une note m’expliquant que son frère avait besoin d’elle et qu’elle m’appellerait aussitôt que possible. Depuis, aucune nouvelle. J’ai bien tenté de l’appeler au bar de son frère (il reste au-dessus), mais elle n’est jamais disponible. Je commence sérieusement à être inquiet, elle n’est jamais partie aussi longtemps sans me donner de ses nouvelles. J’ai peur qu’il ne l’ait impliqué dans une de ses magouilles.
-Vous n’avez pas été la voir chez lui, car il vous a interdit d’entrer dans le bar, c’est ça ?
-Oui. J’ai bien fait le guet plusieurs fois devant l’établissement, mais sans aucun résultat. Je sais ce que vous pensez : que c’est ma femme et que je devrais aller la chercher… mais ce type me fous la trouille, je le crois dangereux.
-Qu’est-ce que vous attendez de moi au juste ?
-Je veux que vous alliez voir ce qui se passe au bar. Que vous vous assuriez qu’elle va bien et qu’elle n’est pas dans le pétrin. Je veux seulement que vous observiez ce qui s’y passe, il ne faut pas l’aborder, je ne veux pas qu’ils soient au courant pour vous. Du moins pas pour le moment.
-D’accord, en fait vous voulez un compte rendu, c’est ça ?
-Oui, exactement !
C’était bizarre, Danny avait franchement l’impression que ce type ne savait pas ce qu’il faisait. Il comprenait presque sa femme de vouloir prendre du recul. Finalement, cette affaire ne devait pas être aussi complexe qu’il l’avait cru. Sa femme devait être tout simplement en train de le quitter.
-Vous avez une photo de votre femme, M. Brodeur ?
-Euh… non.
Danny le regarda interloqué, en n’étant pas sûr d’avoir bien compris.
-P… Pardon !
-Je… je sais que cela peut paraître bizarre, répliquai l’homme en regardant sa tasse de café froid. Mais, ma femme, bien qu’elle soit d’une grande beauté, ne se trouve pas belle et elle déteste se faire prendre en photo…
-Et les photos de votre mariage ?
-Je vous l’ai dit, elle déteste les photos et sans mon consentement elle les a cachés. Je n’ai aucune idée où .
Danny commençait à être exaspéré et lui demanda un peu brusquement :
-vous pouvez au moins me la décrire, n'est-ce pas ?
-Oui, oui, bien sûr dit-il précipitamment. Son prénom est Nicole, mais je l’appelle Nikko… Elle est assez grande, 1m75. Elle a les cheveux bruns bouclés jusqu’au épaule, de grands yeux couleur noisette et une bouche généreuse. Elle a un côté latin.
Danny prenait tout cela en note.
-Bon, ça devrait aller. Et le nom de son frère ?
-Jacques.
Et le nom du bar ?
-Le Mystyph.
-Connais pas.
-Bof, vous verrez, c’est un petit bar pas connu qui présente des évènements sportifs sur écran géant.
-Bon… Écouté, voilà ce que je vais faire. Je vais commencer dès aujourd’hui à faire une filature. Autrement dit, je vais aller faire de l’observation au bar de votre beau-frère et je vais vous faire un compte rendu de ce que j’y voie. Ensuite, vous me direz si je dois continuer. Ça vous va ?
-Oui, c’est parfait. Au moins, je vais avoir de ses nouvelles.
Danny se leva, aussitôt imité par Jean-Yves et lui sera la main.
-Donc, j’y vais ce soir et demain matin je vous appelle.
-J’attends de vos nouvelles.
Il se dirigea vers la sortie et en ouvrant la porte se retourna vers Danny.
-Et n’oubliez pas, il ne faut pas qu’elle vous remarque…
-Évidemment, répliqua sèchement Danny en haussant les sourcils incrédules.
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