À cause de cette folle, je redoublai ma quatrième année. Madame Venne m'avait tellement traumatisée, que chaque fois que j'étais obligée de passer devant chez elle en revenant de l'école,un frisson me parcourait le corps. Sa vieille maison sise au 84 rue Venne et la mienne au 74 rue Venne, nous étions presque voisins.
Et le pire c'est qu'il n'y avait pas d'autres issues. Aucun autre chemin ne menait à ma maison, sinon un raccourci :une petite route qui menait en arrière de la coopérative de tabac derrière notre maison. Mais ce sentier était plein d'embûches:de grosses caisses en bois empilées les unes sur les autres comme une pyramide qui aurait pu me débouler dessus. En plus il fallait que je longe le mur de la coop en prenant garde de ne pas tomber dans le fossé plein de merde! Non valait mieux que je passe devant la sorcière très très vite!
Je pressais le pas comme si j'avais peur qu'elle sorte sur son balcon en brandissant une verge en bois. C'était une vieille fille, elle vivait seule dans cette grande maison lugubre. Pas étonnant qu'elle fut aigrie et frustrée!
À ce moment précis la porte s'ouvrit et la vilaine sortit avec un balai. je me mis à courir comme une folle jusque chez moi. Essouflée, mon coeur battant la chamade ma mère me dit:'' Mon Dieu !Cécile on dirait que tu as le diable aux fesses!''
Heureusement la folle tomba malade. On nous assigna un autre professeur, soeur Aline Trudel. Les lunettes sur le bout du nez, les pommettes saillantes, un sourire angélique sur les lèvres, cette enseignante me fit complètement oublier la marâtre. Beaucoup plus patiente grâce à elle j'adorais le français.Par contre les mathématiques ne furent jamais mes amies. Je détestais les chiffres. Tout ce qui était calcul m'horripilait.
Au contraire soeur Aline me fit découvrir un monde nouveau:celui des livres.
J'étais la meilleure de ma classe en composition. J'ai même écrit une pièce de théâtre dans laquelle la (sorcière) avait un rôle principal.
À la fin de ma pièce celle-ci mourait d'une affreuse maladie : la fièvre galeuse. Hélas ce n'était qu'une pièce imaginaire. On nous annonça son retour le lundi suivant et ça c'était la réalité, l'horreur!
à suivre