Quand j’étais petit, j’allais à la confesse.
Ce jour-là, derrière la grille,j’entendais
Le curé asthmatique siffler.
- Mon père je m’accuse de m’être masturbé
Trois fois.
- Vous direz trois Je vous salue Marie..
L'illumination, c'est d'abord la liberté d'être le raté que l'on est.
Alan Watts
Il s’était passé un mois avant que je retourne chez ma psy. C’était une amie. Eva Vitanski était née en Hongrie d’un père tchèque et d’une mère caucasienne. Ce qui lui donnait un teint assez pâle et une peau aux épaules guépardéeS de grains de beautés délicieux. On aurait dit des planètes, une voie lactée bombée comme le percevait Einstein. Elle n’était pas d’une grande beauté, mais je ne pouvais que saliver à la vue des ses bras et d’un filet de chair amolli qui glissait lentement au frôlement de sa poitrine et de son bicept. Si ça n’avait pas été là, mais ailleurs sur son anatomie, j’aurais eu des pensées…
C’était un être exceptionnel. Têtue, besogneuse, mais qui savait s’abandonner. Elle avait beaucoup de difficulté à voyager, car elle portait souvent un foulard et qu’on la fouillait toujours à poil dans les aéroports.
«Vous devriez abandonner le port du foulard,» lui avais-je conseillé un jour.
Elle perdura à voyager foulardée. J’aime les gens qui sont
Elle remonta ses yeux de ses lunettes.
- Qu’est-ce qui vous tracasse ?
- Le monde, j’entends, toute cette humanité étrange… Pourtant j’y appartiens… J’essaie de ne pas mourir à l’intuition… On ne peut que surnager dans cette mer d’informations alambiquées… Ne trouvez-vous pas ? C’est une vie difficile… Songez que rien qu’en venant ici j’ai été soumis à au moins 460 pubs, ça entre de partout : la radio, les panneaux, les blogues, les spécialistes des affaires afhganes, et en plus les recettes de Ricardo…
Elle garda le silence.
- vous savez, ai-je poursuis, la mort ne me tracasse pas tant que la façon de mourir. Je désespère en pensant qu’un jour la dernière image de mes miroirs d’âme pourrait être celle d’un médecin… Pas rasé, ça me tue…Mais, enfin, c’est mieux que celle d’un avocat.
- Poursuivez…
Je sais que mes yeux sont devenus grands.
- Ne prononcez pas ce mot..
- Ô ! Excusez-moi… C’est un lapsus. Que faites-vous ces temps-ci ?
- J’écris, évidemment. Mais pour cela je dois lire… Je suis en train de me taper toute l’œuvre de Proust en anglais…
- Mais vous êtes de langues française…
- C’est pour ma culture…
- Ah ! je vois… Autre chose ?
- Le sexe, diantre !, le sexe, ça me manque…
- Que faites vous pour…Enfin ! suppléer
- Je me masturbe…
- C’est tout à fait normal.
- Ouais ! Mais après je fume une cigarette…
- C’est horrible !
- Je sais… Il faudrait que je cesse cette pratique.
- Bon ! Et pour la thérapie…
- Vous lirez trois fois l’éditorial de Denise Bombardier dans l’édition du samedi. Et pour votre santé mentale, je vous conseillerais de vous taper l’œuvre au complet de Foglia, mais en français… Ce n’est pas pour la culture, c’est pour l’intelligence… La connaissance linéaire est un parasol illusoire. Le génie c’est la passion d’être, la passion de penser et de critiquer ses propres pensées… Et non pas celles des autres. Vous devez assumer votre génie…Je sais qu’il vous remplit de remords. Vos remords proviennent du monde fractal dans lequel nous évoluons tous. J’ai donc créé à l’aide de mon portable un programme qui vous fera du bien…Une cure : le déballonnage. Tout est ballon. Je plaisantais quand je parlais de Madame Bombardier tout à l’heure… Voici ce que vous allez faire : pendant vos séances de méditation vous allez réduire pendant une vingtaine de minutes tous les ingrédients néfastes de ce monde au UN, bref à l’UNité fondamentale. Vous allez imaginer qu’il n’existe qu’une sorte d’auto, qu’un poste de télé, qu’un livre, qu’une seul ou une seule vrai(e) penseur(e). La réalité est un ballon et à l’intérieur vivent des êtres qui se nourrissent de l’air du ballon. Vous vivez dans le ballon, mais vous n’êtes pas dans le ballon…Votre problème est que vous voyez le ballon. Ceux qui ne le voient pas sont atteint du syndrome de Lazarre. Lazarre fait bien les choses, mais.. Enfin ! C’est un peu compliqué, mais vous devez vous dire que ceux qui s’y enferment sont dans une prison. La multiplication rend aveugle…D’une certaine manière… Il faut yinyaner votre vie : la pensée, l’action. La nourriture intellectuelle présente est un gras trans qui ruine votre âme…Elle bouche les artères de votre créativité. Quand vous empruntez une pensée vous vous faites une dette, et vous en payez le capital et les intérêts. ..
Elle s’arrêta une seconde ou deux :
- Alain, vous êtes toujours là…
Je ronflais comme le dormeur du Val.
- Oui, oui…
- Je pense que ce sera suffisant pour aujour’hui. À la prochaine séance je vous ferai un nettoyage des saletés de votre cerveau. Il vient d’être mis en vente. Je me le suis procuré pour quatre paiements faciles de 45.95. En plus, j’aurais deux cuillères à thé. Ce n’est pas tout, on m’offre en cadeau 2 grammes des poussières enterrant le tombeau de Jésus…
- Tout une affaire. Si ça ne fonctionne pas, je jetterai la machine…
- Ah ! Où en sommes nous rendus ?
- La séance d’hypnose.
Elle fit démarrer l’enregistreur numérique. Un disque dur de 3000G.
- Détendez-vous. Je vais compter de 10à 0. À zéro vous allez glisser dans une profonde, très profonde transe hypnotique. Votre corps est lourd, très lourd… votre tête est lourde, tous vos muscles sont détendus comme des élastiques paresseux qui ne sont accrochés à rien. À quoi avez-vous rêvé la nuit dernière…
Ma voix se fit profonde et monocorde.
- …. une équipe de techniciens était venue chez moi pour installer un système de récupération à ma toilette. Ils ont posé un appareil qui transformaient mes excréments en gaz. Un autre pour fabriquer du compost. Je n’avais pas le choix… C’était un décret du gouvernement. Mon siège était connecté à une tuyau branché à une centrale qui alimentait un moteur produisant de l’électricité. Et le technicien, avec un sérieux qui me figea, me dit :
- Plus vous allez chier, plus vous aurez droit à une compensation en terme de kilos-shits-heure. Je vous conseille les fèves blanches en conserve de marque Mister Bean. Ce sont celles qui produisent le plus de flatulences. Certains de nos clients ont même réussi à vendre des surplus de productions… Surtout les pauvres. Et il a ajouté : Ne vous demandez pas ce que votre pays pète pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez péter pour votre pays.
- Je lui ai demandé pour quel Cie il travaillait… Il m’a répondu :
- Gazelle.
- Ensuite ?
- En fait ,je me suis étonné de ce nom jusqu’à je coure aux toilettes en sautillant. J’avais l’air d’un pourchassé. C’était horrible !
J’ai écouté la dernière partie de l’enregistrement : je hurlais.
Èva m’a prise dans ses bras. Elle pleurait.
Nous nous sommes regardés les yeux dans les yeux. On ne pouvait faire autrement… Sinon nous ne nous serions pas vus. J’ai senti sa respiration devenir saccadée, comme si elle manquait d’air.
Comme d’habitude nous nous sommes dirigés vers la chambre. Je l’ai prise dans une folie furibonde, léchant sa chair au ras des épaules, expirant mes étouffements dans son cou filé de muscles et de veines gonflées de désir et d’excitation.
J’ai essayé de dégainer sa brassière. La pauvre en pamoison se lamentait. J’essayais la méthode galante et lente, les bras ouverts, le cou arraché par la proximité de son menton qui me faisait mal. Je persistais.. Au bout d’un moment, j’ai déclaré forfait en silence. J’ai simplement argumenté que ma vessie s’ennuyait de son espace.
En secret je me suis dirigé vers le bureau et j’ai appuyé sur la touche du clavier.
Gooooooooooooooooogle. Brassière +systèm+ image.
333,826,,777 résultats.
Désespéré je, retournai à la chambre.
Je me suis jeté sur elle avec une frustration qui me serrait les dents !PaF ! La brassière céda.
C’est comme ça que j’ai appris à ne plus me compliquer la vie.
Nous fîmes l’amour comme des animaux.
J’avais fait une recherche sur Google : animaux, amour, sexe, longtemps.
Bang ! 69