Délires et propos sensés
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Délires et propos sensés

Écriture, tout genre confondus
 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

 

 quintes et raclements (1)

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
calouet
Rang: Administrateur



Nombre de messages : 18
Date d'inscription : 11/04/2005

quintes et raclements (1) Empty
MessageSujet: quintes et raclements (1)   quintes et raclements (1) EmptyMar 3 Mai - 6:59

Les transports en commun sont pratiques, chers et chiants. Et dangereux. Insidieusement, ils nous emmènent non seulement à bon port, mais aussi sur la route fatale de la normalité. Après quelques années passées à prendre le train matin et soir pour aller gagner, sinon ma vie, du moins le droit d’y croire, j’ai fini par me rendre compte que je commençais à ressembler à ces monstres sans visage qui m’avaient tellement marqués lorsque pour la première fois je suis monté dans un métro parisien. Peu à peu, malgré moi, j’étais devenu comme tous les autres, un de ces chiens de Pavlov qui remuent la queue d’impatience à la moindre minute de retard, qui montent dans les wagons de tête pour ne pas avoir à marcher longtemps sur les quais surpeuplés du terminus, qui se collent immuablement la truffe contre la fenêtre sans pour autant avoir envie de regarder le paysage. Le train attaque la nature humaine dans ce qu’elle a de plus beau, dans son imprévisibilité.

Une fois que l’on a investi le corps du long ver de métal, que les narines se sont accommodées aux odeurs de vestiaires qui embaument sempiternellement un wagon digne de ce nom, il faut trouver une place assise. Pas à côté de quelqu’un, si possible. Toutes les places vont par deux, voire par quatre. Pourtant tout le monde veut voyager seul. Le monde est mal fait, alors les trains aussi, et c’est comme ça : on propose depuis des lustres de partager un moment de relative intimité – deux culs qui se touchent sur une banquette c’est quand même vachement intime – à de parfaits inconnus qui n’ont qu’un désir, le rester.

Parfois pourtant, toutes les rangées de sièges sont constellées de voyageurs, plus une place double – une pour le cul, l’autre pour la veste et le sac – n’est libre, il faut bien se résoudre à cohabiter pour quelques temps avec quelqu’un. Là, le choix est crucial. Une erreur, et c’est le calvaire assuré pendant des kilomètres… Pour résumer, bien que cette liste d’écueils ne soit pas exhaustive, en s’asseyant à côté de quelqu’un on peut redouter : sa conversation (dont le débit est souvent homothétique à la connerie), son baladeur poussé à fond (même de la bonne musique devient infernale quand on se fait violer les tympans), son chien miniature planqué dans un panier sous la banquette (version haletante du diable à mauvaise haleine et à ressort dans sa boîte, qui sort toujours par surprise), sa propension à étaler sa matière dans un milieu réduit, qu’il s’agisse des coudes, des jambes, de la tête lorsqu’il s’endort tout près de votre épaule, voire même d’une paire de fesses par trop adipeuses (oui le cul, encore, on y revient souvent dans la vie) qui vient dévorer la moitié de votre espace au fil des tressaillements du rail, et enfin l’odeur… Pas besoin d’explications pour ce dernier point, toute personne ayant un jour pris dans sa voiture un auto-stoppeur estival et malchanceux me comprendra, par exemple… Un de mes souvenirs les plus cuisants da transport en communs est d’ailleurs la cohabitation rapprochée que m’imposa un jour un jeune curé, qui se coiffait comme un champion départemental de club pyramide mais qui sentait pareil que s’il sortait du sarcophage de Toutankhamon… Quand on est doté de telles effluves naturelles, le vœu de chasteté ne représente peut-être pas un si grand sacrifice que ça. De là à dire que tous les ecclésiastiques puent volontairement pour ne surtout jamais se faire draguer, il y a un pas énorme, et je ne me sens ni la souplesse ni l’expérience suffisante… Mais revenons-en à notre putois. Le type nullement gêné, se permettait même un nombre incalculable de mouvements et autres réajustements de position, autant d’initiatives malheureuses car brasseuses d’air, qui à chaque fois manquaient de me décoller le pancréas, à moi qui avait pourtant le front fixé à la vitre glaciale, le nez collé par le givre à la grille d’aération…
Mais ce jour là, comme je suis sans doute trop poli ou trop con pour me lever et aller m’asseoir plus loin, j’ai dû composer avec le manque d’hygiène et les secrétions épouvantables du cureton, près d’une heure durant. Plus jamais je ne me suis laissé prendre.

Aujourd’hui, je suis devenu un bon petit robot. Je ne connais pas vraiment les gens qui prennent le train avec moi, pourtant je sais lesquels sont à éviter à tout prix lorsque les places se font chères. D’abord, l’espèce de vieux clodo parfumé au cendar’ qui squatte les wagons jusqu’à ce qu’on le foute dehors. Lui, il est plutôt sympa, surtout quand il ne demande pas de thunes, le souci majeur est olfactif. Redoutablement agressif, corrosif pour ainsi dire, là où le cul bénit se faisait remarquer par des remugles à la fois rances et douceâtres
Ensuite, il y a cette jeune fille très bavarde et très moche, qui ne semble pas tout à fait finie. Ou alors très mal. Elle n’est pas foncièrement désagréable, elle ne sent que rarement la sueur, mais je ne paye pas mon abonnement pour admirer les essaims d’énormités qui patrouillent dans son cerveau lacunaire. J’ai bien conscience d’être un salaud en disant ça, mais je le serais encore plus en profitant de sa conversation surnaturelle pour écrire des best-sellers. Non merci, pas de ce pain là. J’aime mieux écrire des merdes comme celle qui retient votre attention en ce moment, et ne me remerciez pas c’est cadeau.
Dans le même ordre d’idées, il y a la petite bande de blaireaux de chez Epeda. Un moustachu et une demi-douzaine de victimes de la mode sur le retour. Des thons bariolés quoi. Là encore c’est le haut du panier niveau connerie et certitudes, un cocktail détonnant entre l’art de paraître ridicule et le fait de ne pas s’en rendre compte. Fort heureusement, ce fretin ne se déplace guère qu’en bancs, moyen de défense anti-prédation classique, leur permettant sans doute de survivre correctement au milieu de gens normalement intelligents.
Il y a les deux institutrices aussi. Deux petites jeunes, si ça se trouve ce ne sont que des élèves de l’IUFM, même si à les entendre elles n’ont plus rien à apprendre de la vie. Là, le danger n’est pas direct, puisqu’elles sont toujours côte à côte, mais le risque de dommages collatéraux est certain. Je peux vous assurer qu’écouter à longueur de trajet les théories ronflantes de ces deux greluches sur l’éducation vous permettra de mieux juger en quoi les générations futures sont déjà périmées avant même d’avoir pu sortir du frigo, et comment le système éducatif français se fout le doigt où je pense… C’est à dire dans l’œil, bande de petits vicelards.
Revenir en haut Aller en bas
Okuni Day
zebigboss
Okuni Day


Nombre de messages : 111
Localisation : Dans votre tête
Date d'inscription : 09/04/2005

quintes et raclements (1) Empty
MessageSujet: Re: quintes et raclements (1)   quintes et raclements (1) EmptyMar 3 Mai - 10:59

Citation :
Toutes les places vont par deux, voire par quatre. Pourtant tout le monde veut voyager seul. Le monde est mal fait, alors les trains aussi
Citation :
deux culs qui se touchent sur une banquette c’est quand même vachement intime
Citation :
Quand on est doté de telles effluves naturelles, le vœu de chasteté ne représente peut-être pas un si grand sacrifice que ça
(petit smilie qui pisse dans sa culotte) pour des passages comme celui là, i love you Calou.
Revenir en haut Aller en bas
 
quintes et raclements (1)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» quintes et raclements (2 fin)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Délires et propos sensés :: Peuple, a vos clavier, régaler nous de vos idées. :: Nouvelle-
Sauter vers: