Délires et propos sensés
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 TÉLÉ-VISION

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Gaetan Pelletier
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Nombre de messages : 74
Localisation : Québec, Canada
Date d'inscription : 08/10/2005

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MessageSujet: TÉLÉ-VISION   TÉLÉ-VISION EmptySam 8 Oct - 13:42

TÉLÉ-VISION

Il était un jardin qu’on appelait la Terre
George Moustaki


Via les satellites de transmissions tournant alentour de la Terre apparut une image sur tous les écrans de télévision du monde :un être hideux, au physique semblable à un moustique rampant, mais debout, fier et arrogant.

Alexis Tremblay était assis devant sa télé, l’œil rivé aux nouvelles du jour. Il mangeait, et de sa bouche dégoulina un filet de nourriture. Hébété, figé, il regarda le «monstre» et se dit que la fin était venue.

- Viens voir ça! Hurla-t-il.

Rhonda s’approcha de l’écran et vit la repoussante créature. Son coeur se mit à cavalcader. Elle prit sa pompe et s’en aspergea le dessous de la langue. Ses yeux globuleux ressemblaient à deux billes.

- C’est une blague? Une émission comme celle d’Orson Wells à la radio dans les années trente, si je me souviens bien.
- Peut-être... J’en connais qui vont se jeter par les fenêtres...
Ils sortirent sur leur balcon et s’accrochèrent à la rampe métallique. En face, les riches dans leur building colossal, leurs appartements cossus, se jetaient déjà dans le vide.

- Viens voir, Rhonda : ils se lancent du haut de leur balcon.
- J’ai la caméra… On va les filmer. On réussira peut-être à vendre la bande vidéo à une chaîne de télévision...
- Ouais, et enfin on pourra se payer un écran géant à haute définition.
- Arrête de roter pendant que je filme, on entend mal les cris.
- Jette-toi en bas et je vais te filmer…
Elle le regarda en soupirant.
- T’aimerais bien avoir mon assurance-vie? Il y a des siècles que tu espères me voir crever…

En disant cela elle aperçut son voisin penché à la rampe du balcon. Dans un mouvement accidentel, il perdit l’équilibre et chuta accroché au parasol. Celui-ci s’ouvrit pendant la descente. Mais il atterrit dans un bruit sourd sur la bande de fleurs qu’avait planté Rhonda au printemps.

- Salaud... Mes fleursssssssssss! Cria-t-elle.

Le spectacle, pourtant, était intéressant. Des camions de pompiers s’approchaient, suivis d’ambulances. On ramassait des corps ici et là. Puis d’autres et d’autres….

- Tu filmes? S’enquit-il.
- Toujours… J’attends que tu tombes…



*

Le discours dura 5minutes 34 secondes. TAG HUER.

PUB.

Une blondinette aux cheveux raides fit disparaître de son évier des milliards de germes grâce au savon Cleanitup. Personne – du moins de façon consciente- ne prit garde au savon : on louchait en direction blonde. Un beau visage, mais un corps que trop squelettique… Comme si elle vomissait ses repas pour se faire une beauté…


Quelques minutes plus tard on vit apparaître le Président des Etats-Unis : un certain Georges WWW Bush . Il était figé dans l’écran, les sourcils plissés, la mine atterrée, plus silencieux que dans les grandes peines. De temps en temps quelqu’un venait lui glisser un message à l’oreille. Des hommes aux cheveux blancs, des sages. Et souvent plus ridés que la face de la Terre.
Depuis les premières communications, des équipes tentaient de décrypter le message à l’aide d’ordinateurs. Quand on y parvint, tous affichèrent la mine du président.

« Nous avons perdu notre planète, la vôtre convient parfaitement à nos besoins vitaux. Nous allons donc et en prendre possession. Cependant, les maladies que vous avez en puissance dans vos organisme ne nous permettent pas cohabiter avec vous. Nous sommes donc dans l’obligation de vous détruire. »

Des vaisseaux s’approchaient de la Terre. Des hordes noires , en formations triangulaires, étaient captées par les écrans. Les humains suaient au Nord et gelaient au Sud, tant la peur les pénétraient.
Le prix du pétrole grimpa à 97$ US le baril.
La dernière comédie sentimentale de Julia Roberts, « Don’t wait for a stranger», disparut des pubs.
Toutes les armées du monde se mirent en état d’alerte, des milliers de les missiles à grande portée furent pointés vers le ciel.

PENTAGONE : 14H32

- Nous n’avons aucune chance.
- Pourquoi?
- Ils nous on fait une démonstration de leur puissance de feu… Nous n’avons rien pour les contrer.
- Vous en êtes certain?
- Sûr.
- C’est pour quand?
- Demain, 12h00…Ce n’est qu’une supposition…
- Que pouvons nous faire pour nous préparer? demanda le Général Roswell.
- Maintenir l’état d’alerte… J’ai bien peur que nous allons perdre cette guerre… D’après les derniers renseignements, ils s’approchent si rapidement que leur vitesse est bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer. C’est à se demander si nous aurons le temps de rétorquer… Ils seront là dans… Je ne peux rien prévoir… Même les ordinateurs n’arrivent pas à préciser le moment…
*
Midi ici, minuit là. La moitié de la planète était dans le noir, l’autre dans la lumière. Cependant, personne ne dormait :on scrutait le ciel…


Il ne restait que cinq minutes. Les radars ne percevaient rien. Des vaisseaux invisibles?

- Probablement… avait répondu le Commandant en chef de l’air...
- Comment nommerons-nous cette opération, commandant?
- Si nous avions le temps, nous ferions un concours… commenta un adjoint.
Tous les regards se tournèrent vers lui.
- ….nous n’avons pas encore de nom pour cette opération…
- Mais que gagnera-t-il? s’enquit un subalterne. Il n’y a qu’une fin prévisible…Je suggère de donner un prix pour ce titre…
- J’espère que ce ne sera pas votre cerveau…
Le subalterne à lunettes répliqua :
- Moi je dirais Blue Navel … la Terre n’est- elle pas le centre du Monde?
- Pas bête… Vous venez de gagner quelques galons… Au fait, s’il faut en informer les français, comment traduit-on Blue Navel?
- Nombril Bleu… À l’envers, cela donne les mêmes lettres…

On annonça fièrement que le président des État-Unis d’Amérique a trouvé un nom :

« Nous appellerons cette opération Blue Navil .

*




Un homme, debout dans son champ, regardait l’heure... Avec peine. Car il vieillissait et ses yeux, pareils à la planète bleue, s’asséchaient .Comme ceux de l’archiduchesse pendant la sécheresse…Bien qu’ils brillaient encore d’une vie intense…Il regardait les aiguilles trotter et se disait qu’il perdait quelques cellules à chaque tic-tac.


Midi.

Il entendrait bientôt le cri de d’Aline. Pour le lunch. Il savait qu’elle allait maugréer pour son T-shirt vert déchiré , sa sueur, ses pantalons élimés et le mégot de cigarette éteint qu’il tétait par habitude. Trapu, la peau rougie par le soleil, le pas lourd, il traînait sa carcasse. Jamais il n’avait eu peur de rien. Sauf des imbéciles…

- Roberrrrrrt! Le repas est prêt…
-
Il continua d’arroser ses tomates. Même en plein midi. Ce que les livres de son épouse lui déconseillaient.
«Mais quand on a besoin d’eau, il n’y a pas d’heure…»
S’il devait mourir, c’était ici. Point. Il l’attendait cette mort. Il l’avait déjà crainte, mais il avait fini par l’amadouer. Il avait vu cette image d’insecte sur les écrans. Mais des insectes il en voyait à tous les jours dans son potager... Des insectes géants? Ah! Il rêvait presque d’en rencontrer. Son petit blanc caché à l’ombre du garage le dégourdissait jusqu’à l’euphorie. Sauf qu’il n’aimait pas soulever la bouteille… Ces satanés perce-oreille en voulaient aussi…

*

Les chaînes de télévision braquèrent leurs caméras vers le ciel. À la Maison Blanche, au Pentagone, sur tous les points névralgiques de la planète.

12h02.

Rien. Au contraire, plus l’armada s’approchait, plus les points disparaissaient sur les écrans. Ce qui n’était pas bon signe...

Robert arrosait toujours ses tomates…

Il rentra à la maison.

Sur les écrans géants apparurent les créatures hostiles.
Le temps était venu. Ou la fin des temps…

«wVP34EuNEP4$Arpbqpp404@WOUAHsintun

L’ordinateur traduisit.

«Nous sommes arrivés. »

Personne, cependant, ne les avait vus. Une psychose singulière et inattendue : les rues des villes s’engorgèrent de voiture qui fuyaient en campagne. On craignait les bombes, les canons, les jets de laser lacérant la chair humaine… Tout… Tout ce que pouvait créer l’imagination.

La pagaille. On hurlait dans tous les coins du monde.

Le lunch n’étant pas prêt il ressortit pour reprendre l’arrosage de ses tomates. Il se tourna vers la rue principale, zieutant le convoi de voitures aux toits chargés. Il esquissa un petit sourire. Il remarqua que la voiture de Joseph avait un phare éteint.

C’était le centenaire de son village. Il avait fabriqué une réplique de New-York, rien que pour s’amuser, se moquer de ce patelin dans lequel il avait grandit. Le sourire en coin il l’examinait. Vraiment, c’était réussi! Par cynisme, il avait fauché les deux tours du WTC. Puis il avait tracé un grand cercle : 0. La réplique occupait la moitié de son immense terrain. Dans Central-Park, trois légumes… Et pour finir – ou presque - une statue de Woody Allen qui servait en même temps d’épouvantail à moineaux. La paille coiffait si bien le comédien…

Il entrevit ensuite une filée de petits objets ovales qui descendaient sur sa réplique. Ils avaient la taille des biscuits qu’il avait l’habitude de grignoter. Ces énormes biscuits jaunes, raides et secs qu’il mangeait en buvant un verre de lait.

Quand les «biscuits» atterrirent, il en sortit des insectes visqueux, mais debout... Ils pointèrent quelque chose vers lui. Une arme?

Il ne put s’empêcher de pouffer de rire. Ils ressemblaient tellement aux perce-oreille qu’il
sortit son arrosoir et son savon rose pour les asperger. Après quelques jets, les moustiques s’affaissèrent en se tordant. L’un d’entre eux le piqua. Il augmenta le débit.

Il était un peu vieux et voyait mal. Il s’approcha alors de sa réplique et scruta les rues. Il prit un petit appareil et l’écrasa de son pied. Le même craquement que ses biscuits…

Les insecte fuyaient. Il continua de les arroser. Puis il les laissa sécher au soleil. En se penchant il se rendit compte qu’ils n’étaient pas tout à fait pareils à ceux de la veille : ils portaient une sorte de carapace zébrée. Curieusement, certains fuyaient les plans de tomates. Ce qui n’était pas habituel. Alors il en saisit une, bien mûre, et l’écrabouilla entre ses doigts noueux. Les petits insectes picorés de rouge rentrèrent dans les «biscuits» qui s’envolèrent… Il resta médusé…Alors, dans un élan de colère, il s’empara de quatre tomates qu’il lança sur une flopée grouillante. À son grand étonnement, les bestioles réintégrèrent les «biscuits» qui s’envolèrent en louvoyant comme pour éviter ses projectiles…
Il enleva son chapeau, s’essuya le front et se gratta les tempes. Il tourna son regard vers sa bouteille de petit blanc… Décidément, il y avait quelque chose qui clochait dans son esprit… Il tendit la main vers le sol et prit une feuille de laitue qu’il mâchouilla, comme d’habitude. Un insecte courut sur son avant-bras… Il l’attrapa. Il le sentit grouiller dans sa main. Il prit ensuite un contenant de verre et l’y enferma. Avec sa paire de lunettes il loucha la bestiole affolée dans sa prison de verre. L’effet du verre vu à travers ses verres lui rendit l’image d’un visage grossi, hideux, au regard affolé. Il rêvait! Le soleil dardait… Pour sûr! Mais à ce point…

Il retourna à son potager, en fit le tour, puis se dirigea vers le bocal qu’il avait laissé en plein soleil sur le rebord de la fenêtre de son garage. Il y avait quelque chose d’anormal… Il se gratta la tempe. Le bocal était-il trop petit pour la bestiole? Pourtant, il lui avait parut qu’elle tournait dans le fond de celui-ci… Un train passa dans un vacarme assourdissant. La bestiole le fixait. Et son regard s’agrandissait. Plus il le regardait , plus son regard grossissait. L’effet du verre? Quelle verre? Son petit blanc? Non... C’est alors, qu’à force de le regarder il comprit. Il lisait dans les pensées de cette chose affreuse. Ah! Il devinait. La «chose»,dans le bocal, avait compris… Mais lui également. Elle savait maintenant que faire… Et c’est ce qu’elle était en train de faire : grandir. Elle en avait le pouvoir. En quelques secondes, ses épaules frôlaient les rebords du bocal. Il la vit se contracter, se concentrer , le regard vers le ciel bleu, comme si elle cherchait une lumière qui pourrait la nourrir. Bang! Le bocal éclata et les éclats de verre se répandirent sur le sol . La créature tomba et se releva dans des gestes saccadés. Ils se regardaient toujours, les regards figés l’un dans l’autre. Il comprit. Elle comprit. Il pouvait lire dans ses pensées et il pouvait lire dans les siennes : la «bête» essayait de décoder son code génétique pour copier le chromosome qui faisait de lui cet être costaud et de taille. Elle cherchait également la raison pour laquelle le savon à vaisselle, avec le quel il se lavait les mains trois ou quatre fois par jour, ne le tuait pas. C’est cette fraction de seconde qui fit la différence. Il tendit le bras pour la saisir et la tuer. Elle se jeta sur lui en grimpant le long de sa jambe. Il l’empoigna, entendit un cri de détresse, puis la jeta dans la poubelle verte remplie d’eau savonnée. Elle avait déjà la grosseur d’un chat… Mais un chat qui ne se débattit presque une minute de mourir dans le poison rose. Le train passa en même temps que la bête mourait. Et le cri strident de la locomotive recouvrit celui de la bête. Il pensa à Einstein. La bataille n’avait duré que quelques minutes. Mais elle lui avait paru longue…


Il rentra, se lava les mains, et prit la direction de la cuisine.
*
L’armée américaine avait les yeux tournés vers le ciel. On priait, on agitait les drapeaux et on chantait l'hymne national. Certains pleuraient à chaude larmes. Les avions de chasse volaient. On était prêt à affronter les monstres.



*
Le pape, sur son balcon, essayait de calmer une foule agitée.
Dhisa, lui dans la forêt équatoriale, attendait sa proie : un oiseau. Il lança une flèche qui traversa le volatile. Mais au moment de saisir son gibier il vit une flopée d’insectes qu’il avala, affamé. Il cracha en grimaçant un objet qui ressemblait à un galet et en avait la texture.
«Pouah». Pouah, en son langage, signifiait dégueulasse.
*
DOMICILE DE ROBERT : 14H03
Il s’apprêtait à faire sa sieste sur son divan, comme d’habitude.
Les yeux mi-clos il louchait vers l’écran de télévision. Apparut alors une tête d’insecte qui maugréa. Il n’y comprit rien. Il n’avait pas envie de comprendre… Toute la chaleur et le bien être dont il était imprégné l’avait calmé.
Il devait rêver. Il gloussa. Puis il se retourna dans sa position habituelle.

- Qu’est-ce que tu as dit, Robert?
- Rien, seulement… j’ai tant vu d’insecte aujourd’hui que j’en vois à la télé.
.... Je vieillis... Je deviens un peu plus fou en vieillissant... Mais j’en vois qui sont plus fous que moi...
- Veux-tu que j’aille te faire un massage?
- Non, ça ira... Apporte moi des biscuits...Je ne sais pas d’où me vient ce goût... Ah! J’oubliais... As-tu encore du savon rose à vaisselle?
- Oui, je viens tout juste d’en acheter un 4 litres...
- O.K. Avec ça on ne sauvera pas le monde, mais au moins on aura des tomates l’an prochain...

Il se mit à ronfler. Sa sieste du midi. Elle s’approcha de lui lentement et le recouvrit d’une douillette légère. Elle éteignit la télé.
Au même moment, sur toute les appareils de télévision du monde réapparut le monstre. Il dégoulinait de rouge, et tout le monde pensait que c’était de sang, mais il vomit à l’écran à l’odeur répugnante de la tomate.

DSS$%W$QFQQERYU??EEGRVVVCK

Ordinateur.

«Vos armes sont trop puissantes, nous allons chercher une autre planète».

Gaëtan Pelletier Septembre 2002.
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