Délires et propos sensés
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 Pilou (1/2)

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calouet
Rang: Administrateur



Nombre de messages : 18
Date d'inscription : 11/04/2005

Pilou (1/2) Empty
MessageSujet: Pilou (1/2)   Pilou (1/2) EmptyVen 4 Nov - 8:26

J’ai un peu la tête dans le sac ce matin, et quand je les vois tous me passer si vite sous le nez, ça me fait le même effet que de regarder une rivière en crue charrier du bois mort. Quand l’eau elle est marron, énorme et crade. Des fois, à m’esquinter comme ça la vue, à essayer de voir si on me regarde, je me demande si j’ai pas un genre de pouvoir, un truc comme des yeux brûlants qu’il ne faudrait surtout pas croiser. Des fois qu’ils tombent vraiment aveugles toutes ces saloperies de bouts de bois… Qu’ils pourrissent. Pas de problème pour moi, de là où je suis, je sentirai rien.

Et toi Pilou t’es mort la semaine dernière, et tout le monde s’en fout. Mais moi je m’en fous de tout ce monde-là.

Hier, ou peut-être bien un autre jour, une autre nuit, j’ai rêvé comme rarement. Le genre de truc qui te change la vie au réveil, qui te laisse les méninges complètement chamboulées… Et ça a duré longtemps ; la preuve, j’y pense encore. J’étais en train de rien foutre, et d’un seul coup, je me suis retrouvé avec un drôle de truc dans la bouche. Comme un caillou, qui aurait été un peu accroché à quelque chose. Un caillou qui bougeait mais qui restait fixé quelque part dans ma bouche… Et puis finalement, à force de trimballer le truc de droite à gauche avec ma langue, j’ai réussi à le décrocher. C’était une dent. J’ai trouvé ça bizarre qu’un chicot se barre comme ça, sans prévenir, mais j’ai repris mon inactivité comme si de rien. La dent était belle, sauf un vieux plombage de vingt ans. Tu peux croire que ça rajeunit pas, une ancienne carie.
Et puis j’ai commencé à tâter ma gencive là où la fuyarde avait laissé un trou. C’était tout doux, vachement tendre. Agréable quoi. J’étais complètement con dans mon rêve, j’étais presque content d’avoir une dent en moins… Sauf que dix secondes après, j’ai commencé à déchanter sévère : ça bougeait à côté aussi. Un truc qui se barre, sauf que cette fois je devine de suite ce que c’est. Deux dents de plus ! Des machins cette fois bien pourris, bien grisâtres avec des trous où tu peux coincer suffisamment de bouffe pour tenir une journée… Ma gencive orpheline ressemblait plus à rien… Là j’ai eu peur, vraiment peur. Je revoyais ce film où le gars qui s’appelle Papillon – je crois que c’est le nom du film d’ailleurs – il se retrouve au mitard pendant des mois, il bouffe des blattes et fait des pompes en nocturne (il a pas le choix remarque) pour garder la forme. C’est un roc le mec, un gars que rien ne fait flancher. Le cador du pénitencier. Sauf qu’un beau jour, malgré l’exercice, les cafards et même malgré les bouts de noix de coco que lui fait amener son pote en douce, ben il se rend compte qu’il crache ses molaires les unes après les autres. Et là ben putain, le Papillon il craque, se met à chialer comme une merde ; il gueule qu’il veut sortir, qu’il acceptera n’importe quoi pourvu qu’on le laisse revoir le jour… Il est mort de trouille le balèze… Alors moi qui ne suis pas plus costaud qu’un autre, ben quand je perds mes crocs, tu peux me croire je fais de l’huile !…
Heureusement, c’est juste là, quand j’allais pas tarder à découvrir que ça se barrait de partout et à mouiller mon slip, que je me suis réveillé. Y a un chien qu’à dû piger que j’étais en carafe, et du coup il s’est mis à gueuler, suffisamment fort pour que j’émerge. C’est marrant les chiens, ils devinent pleins de trucs. Et la trouille, ils la sentent à dix bornes. Je le sais, j’ai peur des chiens presque autant que de perdre mes dents.

Je me suis redressé, j’étais tout seul. Et j’avais encore mes ratiches, enfin j’avais l’air de les avoir. Manquait juste toi, Pilou.

Paraît que c’est vraiment pas bon signe de rêver qu’on perd ses dents. J’ai déjà entendu causer de ça, tu sais dans le troquet de la rue Sainte Catherine, celui où on allait, quand tu faisais croire que t’étais un ancien docteur. Moi je t’appelais Doc’, normal, j’étais ton seul certificat possible mon salaud… Et le pire c’est que ça marchait ! J’suis sûr qu’il y a encore des morveux qui cause du docteur Pilou dans les cages d’escalier tiens ! Ça doit pas les aider à se motiver à bosser, putain… Hé merde on se marrait bien tous les deux tu sais ! On était notre meilleur public… Enfin bref, je divague. J’voulais te dire que j’avais une fois entendu que les rêves où tu perds tes dents, y a des gars – des professeurs hein – qu’ont expliqué que ça voulait dire que t’étais malade, sérieusement atteint même… T’imagines ça Pilou ? Moi j’étais mort de trouille après mon réveil, même si je sentais bien que ma gencive était pas aussi lisse que les cuisses d’une gonzesse… Pendant des heures je suis resté planté, taraudé par l’angoisse de casser ma pipe bientôt. J’ai repensé à toi, qui me disait tout le temps que tu préférais que je te laisse crever plutôt qu’aller à l’hosto… Et moi je m’y voyais déjà à la boucherie putain ! Parce que quand t’as plus personne autour de toi qui dit aux mecs en blouse de te laisser crever tranquille, ben tu pars direct en civière…
Et puis après, j’ai réfléchi un peu, et j’me suis dit que même si j’étais attaqué, ben j’avais juste à faire en sorte que personne me trouve. Et j’ai décidé de venir là d’où je te cause en ce moment. De là personne me voit. Y a trop de monde.
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