Jeudi, 22 janvier 1920.

capitulo uno


Je me souviens très bien de la naissance de ma mère.

C'était un jeudi de janvier 1920 et le froid mordait à pleines dents dans la peau des malheureux passants qui s'étaient aventurés dehors par cette soirée au coeur de l'hiver, ils n'allaient pas bien loin bien sûr, ils étaient à pieds.

Alma à sa fenêtre les regardait passer, elle les connaissait, les reconnaissait à peu près tous et pouvait dire ou ils allaient sans se tromper.

Depuis longtemps, sa chaise berçante avait élu domicile parallèle à la fenêtre donnant sur la rue Lafontaine, là ou la vie se déroulait sous ses yeux, elle qui n'en avait pas.

Ce soir pourtant, son attention était ailleurs, derrière la porte de la chambre quelqu'un gémissait faiblement avec pudeur.Sa soeur Angélina donnait naissance à son second enfant. Le médecin était arrivé couvert de neige accompagné de sa précieuse infirmière, Soeur Marie-des-sept-douleurs, une fée comme on disait dans le quartier.

Leurs manteaux étaient à sécher près du poêle, des ronds d'eau maquillaient le plancher en se réchauffant.

Un petit garçon courrut jusqu'à elle montant sur ses genoux maternels se réfugiant dans l'odeur bien connue de sa tante. Paul-Aimé ne comprenait pas tout ce remu-ménage à une heure ou il aurait dû être couché et endormi, on l'avait oublié semblait-t'il.

Son père arpentait la cuisine et chaque fois que la porte de la chambre s'ouvrait sur une autre demande de la religieuse, il s'arrêtait net, les mains en suspend, tout à la demande qui arrivait. De l'eau chaude bien sûr, des serviettes propres, des langes, et enfin du thé.

Le bébé tardait.

Le médecin était arrivé il faisait encore jour après sa tournée et sa journée à l'hôpital l'air fatigué, c'était un hiver ou les naissances se bousculaient.

Suis content que tu te remêtre a écrire Sue, sitôt que le temps le permet je revient te lire. A +.