vivre avec un handicap 1 seconde version

Vivre avec un handicap (1)

Mon métier, préposée aux bénéficiaires n’est pas de tout repos. Cela fait bientôt douze ans que je me déplace en autobus et que je vais à domicile. Je prends soin de deux personnes différentes, de deux jeunes filles dont  la première est âgée de 47 ans, paralysée cérébrale; elle s’appelle Nathalie Debulle. La seconde n’a que seize ans et souffre de la maladie de chrome. Elle s'appelle Jennifer Forester.

Je travaille de neuf heures à une heure chez Nathalie et de 4 heures a 8 heures le soir chez Jennifer. Ce qui me fais un chiffre de 8 heures les deux ensembles.

Lorsque je débarque de l’autobus le matin je me dirige vers le logement de Nathalie je débarre la porte (elle m’a confiée une clef). Elle est là, assise dans sa chaise roulante attendant mes bons services. Elle ne peut pas me parler car Nathalie a subi une trachéotomie. Je dois si je veux l’entendre me dire bonjour m’empresser de poser les gestes adéquats; je me dirige vers le lavabo je fais chauffer un chaudron d'eau bouillante durant dix minutes; cette eau bouillie et refroidie servira pour stériliser sa canule et pour le cathéter. Je vous expliquerai en détails pour que vous compreniez bien. Nathalie est ploguée à une machine pour manger. Je dois lui injecter trois grosses seringues d'eau bouille refroidie dans son tube rouge qui pend et est relié à son estomac; il faut  que je fasse attention pour ne pas tirer dessus. Ensuite je vérifie qu'il y a un sac de nutriment liquide accroché à son poteau ; Je prends des ciseaux verts spéciaux en plastique et je pince son fil, j’ouvre le bouchon, J'insère l'autre fil dedans j’enlève les ciseaux et voilà! Je pars la machine à 350 degrés et enfin elle mange. Ensuite je pars l'autre machine pour l’aspiration. Je prends un cathéter avec ma main gantée droite insérée dans un sac transparent; je le sors tranquillement en ne touchant à rien et je vais chercher de l'eau bouillie que j'aspire dans un petit plat. Puis là j’introduis le cathéter dans le trou de la gorge de Nathalie et j'aspire ses sécrétions. Je recommence deux ou trois fois jusqu'à ce qu'elle me fasse signe d'arrêter de la main. Puis je replace son bouchon qui trempait dans l’eau bouillie. Et là enfin j’entends son premier Bonjour !

Ma journée de quatre heures ne fait que commencer! Je vais dans sa chambre, je prends ses oreillers, son drap et ses piqués souillés et là je pars une machine à laver. Maintenant que Nathalie peut  me parler elle me donne ses instructions. Elle me demande si je peux lui faire un gâteau ; c'est la fête a son garçon dans deux jours Pierre- Yves. Il aura seize ans . Il faut que je sois courageuse. C’est ce qu’il faut, c’est ce que mes parents m’ont toujours dit de faire. C’est toujours ce qu’il faut faire. Être courageuse et passer à travers les épreuves. Ne jamais baisser les bras.  

Mon travail à domicile consiste à faire tous ce que mes bénéficiaires ne peuvent accomplir par eux-mêmes, ça peut être n’importe quoi; poser du tapis, planter des fleurs, teindre des vêtements. Nathalie me dit quoi faire elle m’explique, malgré sa voix faible et enrouée je comprends tout ce qu'elle me dit. Certaines personnes ont de la difficulté à la comprendre alors je traduis pour elle.

Vraiment je m’en sors bien ; il y a son conjoint aussi Peter qui m’a expliqué comment faire puis il y a les infirmières qui complètent les informations.

Avant de partir ce jour-là Nathalie m’informe que le lendemain nous partirons en autobus adapté a dix heures pile le matin. Elle désire acheter un cadeau de fête pour son Pierre- Yves. Et c’est à Montréal sur la rue Saint-Hubert que nous irons. C’est l'hiver un mois avant Noel, en novembre. Je suis contente ça me fait une sortie. Je me hâte de lui mettre ses bottes et sa cape ce matin-là. A dix heures pile le transport adapté arrive. Nous sommes assises, elle, bien attachée dans son fauteuil roulant et moi non loin d'elle. Le chauffeur roule vers Montréal. Il arrête et nous débarquent rue Saint-Hubert sur le coin.  Tout va bien mais en traversant l’intersection Nathalie reste prise dans la neige en plein milieu de la rue j’ai beau forcer et pousser rien n'y fait elle s'enlise. Soudain 4 jeunes hommes accourent et viennent la sortir de ce pétrin ; ils poussent la chaise et hop ! On est sorti en moins de deux.

J’aime l’ambiance de la rue Saint-Hubert ; les décorations lumineuses de Noel accrochées partout le long des rues, donnent un air de fêtes à ces lieux de magasinage. C’est vraiment agréable. Nathalie en profite pour acheter ses cadeaux de Noel ; elle pense à sa fille Marie-Mai qui adore tout ce qui est gothique, elle lui déniche un coffret a bijou, elle pense à son père aussi qui aime le golf. Sa mère est décédée un an auparavant. Nous repartons chargés comme des mulets. J’ai dû accrocher ses sacs partout autour d'elle et entre ses deux jambes. Nathalie semble tout heureuse elle a trouvé tout ce qu’elle voulait. L’autobus arrive, nous repartons vers son logement à Terrebonne. Sur place je la déshabille et me déshabille, elle me dit de cacher les cadeaux dans sa garde-robe et ses tiroirs. Elle a soif je lui insère une seringue d'eau dans son tube rouge. Et là elle a faim je pars son gavage, il est presque une heure, je n’ai pas eu le temps de finir son lavage, demain me dit-elle. Ma journée est déjà finie chez Nathalie mais là je prends l’autobus et je me rends chez Jennifer a vingt minutes de la.