Je me souviens de Mère Marie Reine du Cap mon prof en première année. C'était une religieuse avec un air sévère mais qui au fond était bonne comme du bon pain.Il y avait aussi madame Henriette Pichette en deuxième année, une laïque:une grosse bonne femme assez avenante et toujours souriante. Puis en troisième madame Desrochers mon prof d'anglais patiente et dévouée a ses élèves qui eux ne comprenaient pas un maudit mot d'anglais. Puis en quatrième la pire que j'ai eue, madame Venne, mon prof de maths. Une vieille fille frustrée. Je me souviendrai toujours de ce fameux jour où elle me demanda:''Quelle heure est-il ?.''
Je fixais le cadran sur le mur vert pâle de la classe. Debout, les bras ballants, j'avais beau regardé les aiguilles et les chiffres, pour moi c'était du chinois.
''Regarde au tabeau ce qui est écrit!''me cria t'elle."Approche toi et viens voir! Dans une heure il y a combien de minutes?"
Pourtant je savais lire , le français étant dans mes cordes.J'étais là debout fixant le tableau comme une abrutie essayant de défricher le chinois mathématique. Puis celle-ci n'ayant pas de réponse devint histérique. Elle me prit par le cou et m'assomma la tête contre le tableau à quatre reprises en vociférant:''C'est écrit là! là! idiote! Une heure=60 minutes! Tu es aveugle? Tu ne vois pas?"
Jamais je n'avais eu aussi honte de ma vie. Je sentais dans mon dos les trentaines de yeux rivés sur moi et un silence de terreur règnant dans l'air. Mon thermomètre interne grimpa au plus rouge. Je sentis de l'eau salée sortir de mes yeux et des sanglots me secouer.
''Retourne à ta place espèce d'ignare!'' vociféra t'elle.
Le pire dans tout ça c'est que cette marâtre habitait sur la même rue que moi, sur la rue Venne.La rue devait lui appartenir puisqu'elle portait le même nom!
Quand je suis rentrée à la maison et que j'ai raconté à ma mère la façon dont elle m'avait traitée, celle-ci est devenue bleue comme son tablier. Elle prit aussitôt le combiné et téléphona à la soeur supérieure directrice du couvent.
Hors d'elle ma mère s'insurgea contre les méthodes d'éducation de madame Venne et menaça même celle-ci de me retirer du couvent.
À partir de ce jour, la folle devint plus tolérante envers moi, mais elle se vengeait sur d'autres élèves en leur assenant des coups de règles sur les doigts.
à suivre....[/b]